Rucher de l’Ilot – Jumet
Rucher de l’Ilot-Jumet
Découvrir l’email qui annonce que l’essaim promis est disponible déclenche une série de réactions en chaîne: le plaisir de la bonne nouvelle, l’excitation des préparatifs de la ruchette pour le transport, l’excitation encore de faire la route, l’essaim dans le coffre, vers sa destination, l’Ilot-Jumet et enfin l’intérêt des hébergés lors de son installation dans son nouveau cadre de vie, le cortège de questions, les sollicitations pour les voir de prêt!
L’Ilot-Jumet est une des structures de l’Ilot asbl(1) qui lutte contre le sans-abrisme. La maison de Jumet héberge depuis 1968(2) des sans-abris hommes de 18 à 65 ans pour une durée de quelques semaines à 9 mois, extensible dans quelques rares situations. Sa capacité d’accueil est de 22 hébergés et comme souvent dans le milieu associatif et social, l’équipe d’encadrement est réduite pour cause de subsides insuffisants. La contribution de bénévoles y est donc essentielle pour offrir aux hébergés le petit plus qui améliore le quotidien.
J’y travaille comme bénévole, à la demande de son directeur, un de mes fils, qui m’a demandé de gérer le jardin (la propriété fait ± 40 ares) et le potager dans l’éthique de la permaculture … et cerise sur le gâteau, d’y installer quelques ruches auxquelles on peut également appliquer certains principes de la permaculture.
Deux colonies y sont maintenant installées et toutes deux ont leur origine au rucher Caramand: la 1ère est un essaim artificiel d’une colonie que j’ai acquise au cours de ma 2de année de formation au Rucher-Ecole «Abeille du Hain» et la 2de m’a été offerte par le CA du cercle … c’est elle que je suis allée chercher le 5 avril pour l’installer le lendemain à Jumet.
Je remercie tout spécialement Marcel et Alain, gestionnaires du rucher Caramand, à qui j’ai expliqué pourquoi je souhaitais acquérir un nouvel essaim et qui m’ont immédiatement proposé d’en parler au CA et de défendre l’idée de m’offrir cet essaim. Je remercie ici chaque membre du CA qui, à l’unanimité, ont accepté cette proposition.
La première colonie est installée dans une Dadant 10 cadres dite pédagogique parce que les 4 faces du corps sont équipées de vitres qui permettent, après enlèvement des volets de protection, de voir l’intérieur de la ruche sans trop déranger la colonie.
La seconde est installée dans une Dadant 10 cadre conventionnelle… enfin, pas si conventionnelle que cela.
Je m’explique: le corps de ruche est posé sur un sas(3), un volume équivalent à celui d’une hausse mais sans cadres, le corps D10 est réduit définitivement à 8 cadres par la fixation de plaques de liège comprimé de 5 cm d’épaisseur sur les parois latérales et surmonté d’une hausse permanente, maintenue pendant l’hivernage(4) également réduite à 8 cadres: l’espace de vie de la colonie est donc composé de 3 éléments dont les faces latérales sont isolées de l’intérieur par un matériau naturel, léger, capable d’absorber mais aussi de restituer l’humidité produite par la colonie.
Le volume de vie est finalement plus important mais aussi plus vertical… ce qui serait un avantage lors de l’hivernage: en effet, outre la possibilité de disposer d’un stock de leur propre miel, largement suffisant pour ne pas devoir nourrir les abeilles au redémarrage de la ponte en février, les déplacements de la grappe pour se nourrir se font de bas en haut plutôt que latéralement .
A ce corps de logis un peu plus étroit, mais plus haut s’ajoute un système de ventilation de bas en haut(5)qui permet de garder à demeure le tiroir sous la grille à varroa et donc réduit l’apport de froid par le plancher tout en assurant le renouvellement de l’air(apport d’oxygène, élimination du CO2) par le biais des adaptations suivantes: le couvre-cadres est équipé d’une ouverture rectangulaire dans sa partie avant (± 30 cm / 5 cm) fermée par une grille à propolis que les abeilles ont donc le loisir de propoliser plus ou moins et inversement et donc de réguler le passage de l’air depuis l’entrée, au niveau du plancher vers une chambre de ventilation, placée sur le couvre-cadres et munie de trous de ventilation sur les côtés droits et gauches. Cette chambre de ventilation, qui travaille un peu comme un extracteur, peut contenir un coussin de matériaux végétaux (feuilles de noyer par exemple) qui assure une isolation par le haut tout en n’empêchant pas l’air de passer et de s’évacuer par les trous de ventilation. Enfin le toit en tôle de la ruche est lui aussi équipé d’une plaque d’isolant.
Comme le montrent les références … je ne fais qu’appliquer les idées des uns et des autres en partant du principe que plus la colonie est confortablement installée, plus elle se développera harmonieusement et en bonne santé.
Ma visite, l’année passée, du musée «Ruches du monde» que j’ai rapportée dans le périodique mensuel de l’Abeille du Hain en octobre 2019, m’a également conforté dans l’application de ces adaptations. Pour rappel, j’y ai vu une colonie vivant depuis 11 ans sans aucun soin dans un logis de 2 mètres de haut avec des galettes de cire de plus d’1 mètre de haut. Une des ruches exposées était entièrement assemblée à partir d’écorce de chêne-liège.
Les points faibles les plus évidents de cette ruche D10 convertie en D8 sont la hauteur du corps de logis en 3 éléments et une isolation limitée aux parois latérales et à la toiture.
Pour pallier à la hauteur, il suffit de descendre le support de la ruche de façon à ce que les hausses à miel soient manipulables sans trop de difficultés (… en tous les cas pour moi qui suit relativement grand). Pour l’isolation limitée aux faces latérales, rien ne m’empêchera d’y ajouter en hiver des plaques d’isolation externe des faces antérieures et postérieures, amovibles cette fois.
Reste à voir comment se comporteront ces 2 colonies issues du rucher Caramand durant l’année apicole 2020-2021. Je vous tiendrai au courant.
Georges
Références:
1-Ilot asbl: http://ilot.be/
2-1968 : Ouverture de L’Ilot-Jumet et année de la fondation du Cercle Apicole «Abeille du Hain»
3-Voir «L’Apiculture mois par mois» de Jean Riondet: Ce sas placé entre le plancher et le corps aurait plusieurs avantages évoqués par J.-L. Strebelle lors d’un de ses cours : en hiver, il éviterait que le vent ne refroidisse trop la colonie ; en été, il servirait de dortoir aux butineuses, éviterait donc que ces dernières, plus sensibles aux maladies (immunité réduite) contamine les jeunes abeilles qui vivent dans le corps de ruche, en été et par temps de pluie, ce volume vide occupé par les butineuses qui ne peuvent sortir, éviterait une surpopulation dans le corps de ruche et donc repousserait la fièvre de l’essaimage, en été et par forte chaleur, ce volume vide permettrait aux abeilles de descendre dans ce volume « plus frais » et éviterait aux colonies de faire la barbe à l’extérieur.
4-Voir «Hivernage des colonies selon E. DE MEYER» publié dans «la Belgique Apicole, Juillet-Août 2018. Cette technique garantirait à la reine la place voulue pour la ponte des futures ouvrières d’hiver, conduirait la grappe à se former au centre du corps et à se déplacer du bas vers le haut vers la réserve de nourriture durant l’hiver et non de droite à gauche.
5-Voir «L’apiculture écologique de A à Z» Chroniques de JC Guillaume: https://www.permaterra.fr/ressources-apiculture-ecologique?rq=chronique
6-Voir «Ruches du monde en pays huguenots»: https://www.abeilleduhain.be/ruches-du-monde-en-pays-huguenot-24-septembre-2019